Toutes ces questions de genre et/ou de sexualité dont on parle dans ce topic, c'est dur à vivre parce que tout ça est un spectre, et que dans un processus de découverte de soi on passe souvent par plein d'étapes : on va faire un coming out, puis plus tard un différent, puis plus tard un autre, et je pense que les personnes cisgenre hétéro ont du mal à comprendre.
Y a pas si longtemps je m'identifiais encore comme une femme cisgenre juste bicurieuse.
Puis je me suis dit que non c'est pas juste un "kink", je suis bi.
Puis j'ai compris que j'étais plutôt panromantique (rien à foutre du genre des gens).
Puis j'ai compris que je suis plutôt attirée par les personnes féminines, que je l'ai intériorisé toute ma vie par pression sociale et que politiquement c'est important de le revendiquer, donc j'ai fait (à petite échelle) un coming out lesbien. Je me suis jetée à corps perdu dans le lesbianisme (je parle pas du sexe, hein....)
Puis j'ai compris que j'aime
aussi (et beaucoup) les personnes non binaires, mais y a pas de terme pour ça, donc j'ai laissé les gens continuer à dire "lesbienne" parce que c'était trop compliqué à gérer, sinon. Sauf que j'ai commencé à me sentir mal à l'aise "d'usurper" ce terme. Aussi parce que ça nie le genre de plein de personnes non binaires qui m'attirent si je dis juste "lesbienne".
Puis j'ai compris que ma vision du genre est plus compliquée que ça, eeeeeeet... que je suis certainement non binaire moi-même

Et là je coince, parce que je ne me sens plus du tout légitime + j'ai peur que les gens pensent que je suis juste une girouette qui suit la "mode" pour se rendre intéressante...
En gros comme ces questionnements sont bien souvent internes, épuisants, et prennent du temps, j'en parle pas forcément (déjà parce que c'est difficile à expliquer à quelqu'un qui n'y connaît rien et qui risque de juger / dire des choses oppressives très anxiogènes) et maintenant j'ai des proches qui pensent, au choix, que je suis :
- cis et hétéro (je ne leur ai fait aucun coming out et elles n'ont rien remarqué)
- cis et bi/pan (je leur avais fait mon 1er coming out)
- cis et lesbienne (je leur ai fait un 2e coming out)
- cis et "butch" (parce qu'elles ont capté d'elles-mêmes que je suis pas ultra féminine)
Je flippe pas mal de la réaction des gens qui me pensent lesbienne ou hétéro à qui je pourrais dire "Ah en fait finalement je ne suis pas vraiment une femme. Mais j'aime mon corps comme il est, et mon prénom. Et j'aime les femmes et les personnes non binaires (qui est un terme parapluie qui englobe plein d'identités) mais je ne suis plus attirée par les hommes cishet, même si je suis panromantique dans l'absolu"
Leur cerveau :


J'imagine que c'est pour ça que certaines personnes se définissent juste
Queer, parce que c'est LE terme parapluie qui englobe tout, et ça évite de devoir se justifier si on explique plus.
Et ça c'est sans compter sur les oppressions intériorisées qu'on s'impose inconsciemment : j'ai encore du mal à me considérer non binaire parce que j'ai aucune dysphorie envers mon corps. Alors que je sais que c'est pas un critère du tout. Et que je connais des personnes non binaires très fem ou très masc, et je sais que
expression de genre ≠ identité de genre. Mais du coup on se sent pas légitime face à d'autres personnes trans qui souffrent au quotidien (dans leur corps et à cause de violentes discriminations). Moi ma vie c'est des vacances à côté de la leur
Ce qui m'aide beaucoup c'est de discuter avec des personnes LGBT+ sur des Discord.
Chaque vécu individuel est différent, et chaque ressenti est valide, en vrai. On parle aussi beaucoup des oppressions intériorisées qui font qu'on se sent pas légitime.
Sauf que dans un monde où quand on sort de la norme, on nous demande sans arrêt de s'expliquer, pour "prouver" qu'on est légitime (et pas juste "cinglé•e") c'est chaud... Et je vais peut être encore découvrir des choses sur moi et me remettre en question
